A propos du coq de nos églises
Je ne peux résister au plaisir de citer un extrait d'un texte de Colette Beaune dans "les Manuscrits des Rois de France au Moyen Âge, Le Miroir du Pouvoir" - Bibliothèque de l'Image
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"Chaque règne ou chaque royaume était donc figuré par un animal (le lion britannique, le serpent milanais l'aigle impériale). Le cerf représenta la France. Même problème pour ceux qui parlaient des crises de l'État ou des révoltes. Il valait mieux utiliser des bêtes que chacun reconnaissait, mais qui étaient le roi sans l'être tout à fait. Le cerf servit assez souvent. En fait, dans ce type d'utilisation, il rencontrait la concurrence redoutable d'un nouveau venu, dont le succès fut immense et continu, bien au-delà de la Révolution. De nos jours, le coq gaulois est encore connu de tous. Si l'on sait en général qu'il répond à une homonymie (Gallus veut dire en latin le coq ou le Gaulois), on ignore sa longue élaboration médiévale.
L'Antiquité avait fait du coq blanc un oiseau sacré, dédié aux dieux, le symbole de la lumière et de l'immortalité de l'âme. Le Moyen Âge oublia ces textes et bâtit sa propre symbolique en rupture avec les textes païens. L'Ancien Testament glorifiait l'intelligence du coq qui lui permettait de discerner les heures et, dans l'Évangile, le coq chantait trois fois au soir du Jeudi saint, rappelant à Saint Pierre ses engagements.
Le coq fut donc le symbole de la vigilance face aux tentations et aux démons de la nuit.
A compter des Moralia in Job au VIe siècle, cette qualité devint l'apanage des saints qui ignorent les désirs charnels et veillent sur le peuple de Dieu. Les auteurs ultérieurs entreprirent de situer ces Galli de façon plus précise dans le corps du clergé: moines qui, comme le coq, chantent les heures, docteurs de l'Église ou prédicateurs chargés d'enseigner les fidèles et d'annoncer le Jugement dernier. Rien d'étonnant donc à ce que ce symbole de la vigilance cléricale vint couronner les clochers à partir du IXe siècle. Cette image était positive, mais elle ne se prêtait guère à une utilisation ethnique ou patriotique. Si l'on se tourne vers la littérature profane, I'image du coq change du tout au tout. Coquart signifie fanfaron, coquebert niais ou sot.
Les rédacteurs des encyclopédies de sciences naturelles du XIIIe siècle ne sont pas tendres pour le coq. Le coq de basse-cour passe sa vie à batailler pour la possession des poules. Le Roman de Renard fait de Chanteclerc, le coq, la dupe attitrée du goupil qui ne cesse de le mettre dans des situations dangereuses ou ridicules. Luxure, folie et sottise sont les attributs du coq que l'héraldique réserve aux familles de bas état. L'image est franchement déplaisante.
C'est que notre oiseau est l'exemple paradoxal d'un emblème qui n'a pas été choisi, mais imposé par les ennemis du royaume, et qu'il a fallu ensuite intégrer à grand peine, en lui inventant les significations flatteuses qu'il n'avait pas. Le coq gaulois apparaît en effet dans les textes anglais et germaniques à la fin du XIIe siècle. Le Romulean indique que le gallus signifie le nombre infini des sots et des fous qui, en toute circonstance, montrent leur imbécillité. Prudente, la traduction française de ce texte remplace ce coq par une poule, sans rapport avec les sujets du roi Très Chrétien! Aux XIIIe et XIVe siècles, le coq connaît un succès grandissant dans les prophéties italiennes hostiles à la présence française dans la péninsule (le coq est alors l'inverse dérisoire de l'aigle impériale) et dans les prophéties anglaises de la guerre de Cent Ans où le fier léopard britannique "dévaste les Iys et fait fuir les coqs"
Le coq gaulois était donc a priori difficile à récupérer. Il le fut pourtant à la suite de deux mouvements convergents: I'histoire nationale redécouvrait timidement les Gaulois tandis que les humanistes ressuscitaient les philosophes de l'Antiquité. En Italie comme en France la célébration du coq blanc, oiseau de Jupiter et de Mercure, refleurit. Trois rois de France successifs purent donc choisir cet emblème pour signifier la nature de leur pouvoir et de leurs ambitions. L'Opus Davidicam, dédié vers 1495 à Charles VIII par le moine mendiant italien Jean de Legonissa, s'ouvre sur une page de garde où deux coqs blancs soutiennent l'écu de France et foulent aux pieds un serpent et un renard. Trois prophéties y sont insérées: dans la première, le coq royal s'empare de l'empire occidental et oriental pour régner sur le monde enfin converti. Dans la seconde, le coq blanc sauve la nef de saint Pierre et la conduit au port du salut. Dans la troisième, le coq blanc de la fin des temps rétablit partout joie, abondance et vraie paix. Un amusant chapitre de la nature du coq s'insère entre un portrait de Charles VIII et un article sur les Lys, c'est-à-dire entre la personne réelle du roi et sa personne fictive. Le coq est le signe de l'élection du roi et de la nation, destinés tous deux à régner sur le monde entier à la fin des temps. Cette interprétation, qui mélangeait toutes les traditions antérieures et donnait enfin à l'emblème des sens hautement favorables, eut du succès malgré sa complexité.
Le roi de France se mit à s'appeler Gallus. Louis Xll et surtout François ler, né le 12 septembre (Vierge, ascendant Mercure) y firent référence. Nombre de manuscrits à lui dédiés utilisent le coq comme le Libellus enigmatum (1512) ou 1'Odos monocolos dans lequel un coq blanc foule glorieusement aux pieds le lion de Saint Marc. On finit même par se persuader que le coq était l'emblème immémorial du peuple et du pays. En 1550, on trouva à Lyon dans une sépulture antique une bague où un coq figurait sur un char traîné par deux lions. Le bijou fut présumé gaulois et on lui fit annoncer avec à propos la victoire prochaine du roi sur le lion florentin et le serpent milanais.
deux coqs blancs soutiennent l'écu de France et foulent aux
pieds un serpent et un renard dans un manuscrit du XVe
Coq, roi et nation s'identifiaient donc heureusement. L'adaptation, qui avait été difficile, avait réussi en isolant le coq blanc, un animal mythifié, et en abandonnant les coqs vulgaires aux significations péjoratives antérieures.
Elle fut durable. Le coq figura ensuite aussi bien sur les chapiteaux de la galerie des Glaces à Versailles que sur les drapeaux de la Révolution. Il est vrai qu'entre-temps il était devenu tricolore!" fin de la citation
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Peut-être nos sportifs ignorent-ils la signification et l'histoire des coqs qu'ils lâchent parfois sur les stades...
Le coq est un animal fort et vigoureux qui surveille son poulailler et le défend. C'est pour cela qu'il a été choisi par les Gaulois comme emblème et plus tard par les Français qui le placèrent sur les clochers pour qu'il veille sur le village.
Le coq, dans l'art héraldique, est le symbole de la vigilance et de la fierté. En architecture, il est l'emblème des prédicateurs. Depuis le X. siècle, il est coutume de le placer, dans l'Ouest de l'Europe, sur les clochers, surmontant la croix faîtière des églises. L'animal est représenté, la tête levée, la queue retroussée et sert de girouette.
Quand il y a des éclairs le coq défend l'église parce que il est le symbole de courage et de la fierté.
Le coq est un symbole de courage et de fierté depuis bien longtemps, et est retrouvé dans de nombreuses civilisations antiques. De plus, sa capacité à chanter à l'aube, avant que la vie s'éveille, lui confère la qualité de la vigilance. C'est un oiseau messager des dieux.
Le coq est un symbole de courage et de fierté depuis bien longtemps, et est retrouvé dans de nombreuses civilisations antiques. De plus, sa capacité à chanter à l'aube, avant que la vie s'éveille, lui confère la qualité de la vigilance. C'est un oiseau messager des dieux.
Le clocher de l'église demeure l'image-symbole du village. Surmonté du coq, il indique la direction du vent, son horloge donne l'heure à ceux qui sont près, ses cloches à ceux plus loin. Il rythme ainsi la vie de la commune, les sonneries de cloches annoncent toujours joies et peines et dans des temps plus reculés les sinistres et les alertes. Mais tout clocher vieillit et se dégrade, subit les agressions météorologiques, et ce, souvent sans qu'on s'en rend compte. C'est ce qui est arrivé à Ittenheim, où il a fallu la mise en place d'un paratonnerre pour découvrir l'état de vétusté et de danger du point le plus haut de la commune. Par délibération, le conseil municipal à donné le feu vert aux travaux indispensables pour assurer la pérennité de la flèche : dépose de la croix, du coq et du paratonnerre, réparation, confection d'u nouveau cône et sphère en zinc, remise en état de la charpente, remise en place après peinture, étanchéité, etc. Coût total des travaux : 15 215 ¤ HT. Pendant un certain temps, le clocher sera donc entouré d'une plate-forme de travail pour mener à bien la restauration.
source : DNA du 12 février 2004
L'orientation traditionnelle EST - OUEST fut respectée. Il est important que la communauté priante soit tournée vers l'est, vers le soleil levant, image de Jésus vrai lumière du monde. La présence du coq correspond au même symbole. Comme il avertit l'homme des premières lumières de l'aurore, le croyant attend le signal lumineux du retour de Jésus. A l'opposé, l'ouest symbolise les ténèbres, le monde profane. En franchissant la porte principale, le chrétien quitte le monde des ténèbres et franchit le seuil qui marque le passage entre le monde profane et le monde sacré, le monde divin.
Déjà trempé dans le métier de ferblantier qu'exerçait son père, il lui arrivait souvent, pendant son enfance, de regarder les clochers des églises sur lesquels étaient juchés de magnifiques coqs servant de girouettes, ces indicateurs des vents à la fois souples et précis. Attiré très jeune par ce précieux médium qu'est le cuivre, le roi des animaux de notre basse-cour suscita dès lors une attention toute particulière dans les oeuvres de Pierre Binette, et fut l'objet de ses toutes premières créations en cuivre. C'est ainsi qu'au fil des années, le coq adopta petit à petit des formes et des couleurs nouvelles, sans toutefois perdre son caractère unique et sa fierté qui l'habite si bien.
Comme ce vigilant réveil matin emplumé, c'est très tôt que Pierre Binette se met à l'oeuvre pour découper, marteler et souder un autre vénéré volatile qui prendra bientôt, sous ses mains, une personnalité qui lui est propre. Le cuivre, ce matériau doré qu'il affectionne tout particulièrement puisqu'il résiste aussi bien à la brisure qu'à la corrosion, possède une malléabilité qui se plie à sa recherche du détail minutieux. Dès lors, une attention toute particulière peut être accordée aux reliefs, aux textures, aux formes, aux couleurs et aux mouvements de toutes sortes. C'est ainsi que ces fiers gallinacés prendront parfois la position de combat, l'oeil rond et agressif, alors que d'autres prendront une allure altière devant les spectateurs venus les admirer.
Tous les coqs que fabriquent les artistes sont entièrement créés par Pierre Binette. Il dessine ses modèles et les taille dans le cuivre. Chaque pièce est ensuite martelée des milliers de fois, ce qui lui donne sa forme. Avec l'aide de son épouse, il soude ensuite toutes les pièces, avec son chalumeau, une étape qui exige une très grande précision. Enfin, il donne la couleur désirée à toutes les pièces, en les chauffant à un degré de chaleur différent, créant l'éventail de couleurs que l'on retrouve sur chacune de ses créations.
"Les coqs et les girouettes ne rouillent pas. Ils peuvent se conserver pendant des centaines d'années", précise Pierre Binette. Bien heureusement, car les artistes investissent entre 60 et 70 heures chaque semaine pour la confection de leurs coqs.
De diverses façons, selon les peuples, le coq a valeur de symbole. Chez certains, il est un symbole spirituel, alors que pour d'autres, il est un symbole solaire, son chant annonçant le lever du soleil. Il personnifie l'énergie solaire, ou encore la manifestation de la lumière. Pour Pierre Binette, le coq représente la fierté, la beauté et le courage, ce symbole des luttes et espoirs des hommes qui les produisent.
Le Coq.
Le coq apparaît dès l'Antiquité sur des monnaies gauloises. Devient symbole de la Gaule et des Gaulois à la suite d'un jeu de mots, le thème latin" gallus " signifiant à la fois coq et gaulois.
Disparu au haut Moyen-Age, on le retrouve évoquer la France. A partir du XVIème siècle, le Roi de France est parfois accompagné de cet oiseau sur les gravures, monnaies, etc.
Proposé comme emblème à Napoléon 1er. par une commission de conseillers d'Etat, il
fut refusé pour la raison suivante : " le coq n'a point de force, il ne peut être l'image d'un empire tel que la France.
Le coq est le symbole universel de la lumière naissante puisqu'il annonce, par son chant matinal, le lever prochain du soleil.
Dès la plus haute Antiquité, on a tenu le coq en grande estime pour son intelligence et son courage. Grecs et Romains, conquis par sa vigilance et son ardeur l'adoptèrent comme oiseau protecteur. Le coq devint le symbole chrétien de la vigilance et de la prière et surtout le symbole de la résurrection du Christ et de celle de tous les chrétiens.
Symbole religieux, le coq est aussi un symbole national. S'il indique l'adhérence à la foi chrétienne, il signifie aussi l'appartenance à la nation française.
C'est le coq gaulois que l'on érige sur le clocher de nos églises, sur la cime des croix de chemin, sur le faîte des granges et sur le toit des maisons privées.
On se pose souvent la question sur l'utilité des coqs en cuivre ou en métal perchés sur le faîte des clochers de nos églises et de certaines granges.
La première réponse pratique qui nous vient à l'esprit c'est son rôle de girouette puisqu'ils indiquaient le sens du vent aux paysans on appelle Coq, "cette espèce de girouette qu'on met à la pointe des clochers & qui est faite en forme de coq. . il faut voir où est tourné le coq, pour savoir de quel coté vient le vent. (Texte d'un vieux dictionnaire)
Il y a aussi sans doute une autre origine chrétienne elle remonte au début du christianisme car d'après les Évangiles, Jésus avait prédit a Saint Pierre " Avant que le coq chante, tu m'auras renié trois fois". Selon une ordonnance papale on devait placer sur le clocher de chaque lieu de culte un coq, rappelant aux paroissiens qui lèveraient le regard, l'histoire de Saint Pierre.
On retrouve dans la lecture et l'imagerie de documents datant de la civilisation gréco-romaine le coq accompagnant les dieux de l'époque: Mars,Mercure,Minerve. On lui attribuait des vertus comme celle de dissiper le sommeil et d'annoncer qu'il est tant de reprendre le travail.
* Symbole de la Gaule et des Gaulois
Il y a aussi les Romains qui avaient baptisé ce volatile " GALLUS". Pour évoquer les vertus guerrières des Gaulois. On a retrouvé aussi certaines monnaies de l'époque gravées d'un dessin de coq.
Aux XIIIème et XIVème siècles,
Le coq devient populaire. Il devient emblème de dérisions en comparaison avec l"aigle impérial ou le léopard britannique
Trois rois de France choisirent le coq comme emblème
En 1600 une médaille officielle fut frappée avec le coq gaulois perché sur un olivier mettant en fuite le lion de Flandre
A la révolution les hampes des drapeaux étaient ornées de la tête d'un coq.
Progressivement le coq devint le symbole de la république.
La coq actuel date de 1999, Il a remplacé le coq en métal datant de plusieurs siècles.
( photo prise lors de la pose du nouveau coq)
Percé de chevrotine et de balles datant de la dernière guerre,l'ancien coq à était démonté avec soins. Il est éxposé actuellement dans le bureau de Monsieur le Maire.
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Mémoires de la Société Archéologique et Historique de la Charente &endash; année 1956
Le Coq des Clochers
par le chanoine R. Gaudin
Pourquoi met-on, depuis longtemps, un coq sur le clocher des églises?
Ecartons résolument la légende selon laquelle saint Pierre, pour empêcher les coqs de lui rappeler sa
faute par leurs chants, aurait empalé l'un d'eux et, ainsi, rendu les autres, muets d'épouvante. Saint
Pierre avait d'autres soucis que de faire taire les coqs et pratiquait trop l'humilité pour ne pas leur être,
au contraire, reconnaissant de lui remémorer sa faiblesse. Le coq des clochers n'est pas une
perpétuation du légendaire coq empalé de saint Pierre.
Pourquoi met-on, depuis longtemps, un coq sur le clocher des églises?
Voyons ce que l'antiquité païenne et les premiers temps du Christianisme pensaient du coq. Un rappel
de ce genre peut nous mettre sur la voie d'une réponse plausible.
A - Le Symbolisme du Coq dans les Civilisations Anciennes.
Partout et toujours, le coq a eu pour qualités proverbiales la fierté, le courage et la vigilance. Aussi
bien, dès avant le VIe siècle antérieur à notre ère, le trouvons-nous dans les arts des civilisations les
plus évoluées sur les monnaies grecques, sur les monuments protohistoriques de la Gaule, sur la céra-
mique cyrénéenne, sur des objets précieux de Babylonie, de l'Inde, de l'Extrême-Orient.
Chez les Grecs et les Latins, le coq blanc fut consacré à Zeus-Jupiter. Voilà pourquoi Pythagore
défendait à ses disciples de les tuer et de s'en nourrir. Le même coq blanc fut aussi l'oiseau d'Hélios-
Apollon. Il n'était pas rare de voir un coq aux pieds ou dans la main du dieu sur les bas-reliefs ou
autres sculptures. Il y eut un rapprochement naturel de la divinité de la lumière et de l'oiseau qui,
avant tous les autres, appelle l'aurore de ses cris impérieux et qui est ainsi une sorte de "prophète de la
lumière".
Le chant du coq, explosion matinale de la vie qui commence, fit adopter le coq comme emblème de la
vigilance. Une fable grecque veut que le soldat Alectryon, qui avait manqué d'attention dans la
surveillance qu'Arès et Aphrodite lui avaient confiée, fut métamorphosé en coq, pour qu'il apprenne
ainsi la vigilance.
C'est encore parce que le coq sonne le réveil à tout ce qui l'entoure, qu'il fut associé au culte
d'Hermès-Mercure, le dieu du commerce. Le musée Guimet conserve un curieux autel, découvert à
Fleurieu (Ain). C'est un autel à Mercure. Sur l'une de ses faces, on voit un coq.
Chacun sait que le coq était aussi l'oiseau d'Esculape et de son temple d'Epidaure. Dans les
représentations du dieu de la médecine, l'oiseau de lumière et de vie est assez souvent opposé au
serpent silencieux, sournois et porteur d'un mortel venin. Le serpent rappelle la maladie et la mort et le
coq la guérison qui conserve la vie. Sur l'actuel blason de la Faculté de Médecine de Lyon figurent coq
et serpent.
Les Chaldéens, frappés de son activité matinale, crurent que le coq recevait, chaque jour, un influx
divin, qui le poussait à chanter avant tout autre. Une monnaie grecque du VIe siècle avant J-C. porte
un coq surmonté d'un signe astral, d'où partent des rayons.
Les Grecs firent du coq l'emblème du courage militaire. Thémistocle sur le point de livrer bataille aux
Perses, harangua ses hommes en leur recommandant l'exemple des coqs. En souvenir de ce fait,
Athènes créa une fête annuelle, qui comportait principalement des combats de coqs. Les Gaulois
eurent la même idée que les Grecs. On a des monnaies portant un coq. Des bijoux en forme de coqs
furent trouvés dans les sépultures. Quelques bas-reliefs révèlent des enseignes militaires surmontées
de coqs. Notons en passant que le coq ne fut pas l'ordinaire enseigne des Gaulois, comme on l'a
souvent dit. Le sanglier est plus fréquemment employé que le coq.
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Le Coq des Clochers
par le chanoine R. Gaudin
Mémoires de la Société Archéologique et Historique de la Charente &endash; année 1956
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Tant de qualités chez le coq contribuèrent à en faire partout, chez les Anciens, une sorte de messager
des dieux. Aussi bien eut-il le douloureux privilège &emdash; surtout le coq blanc &emdash; de servir, par ses
entrailles ouvertes, à la révélation des volontés des dieux et à l'annonce des bonheurs ou malheurs
futurs. C'est ce qu'exprime Rabelais quand il parle dans "Pantagruel" du "coq vaticinateur". Le nom
d'alectryomancie désigne cette pratique sanglante.
Toujours à cause de ses qualités proverbiales, les Anciens croyaient que les entrailles du coq
renfermaient une pierre mirifique: la "pierre alectorienne", talisman supposé de l'audace, de la
vigueur, de la décision. N'a-t-on pas raconté que Milan de Crotone, qui tuait un taureau de son poing
prodigieux, devait à la pierre alectorienne sa force surhumaine. Il est curieux de trouver un archevêque
de Rennes: Marbode, mort en 1123, qui rappelle cette légendaire tradition et ajoute que le même
talisman donne l'éloquence aux orateurs et la fidélité aux époux.
On a cru très longtemps que le gésier d'un coq castré contenait parfois une autre pierre merveilleuse,
capable de procurer à qui la portait, la sagesse et le bon sens. Le Moyen Age appelait ce talisman la
"pierre de chapon" ou "chaponnette". Un inventaire &emdash; celui du duc de Berry, oncle de Charles VI &emdash;
dressé en 1416, fait état "d'une pierre de chappon, tachée de blanc et de rouge, assize en un annel
d'or: prisée quatre livres tournois".
B - Le Coq dans les plus Anciennes Symboliques du Christianisme.
Le caractère d' "oiseau de la lumière" a été gardé au coq pendant tout le premier millénaire chrétien. A
l'exemple des Egyptiens, qui avaient des lampes de terre ou de bronze en forme de coqs, les potiers
chrétiens de Grèce et de Rome réunirent, eux aussi, le coq à l'idée de la lumière et donnèrent, entre
autres sujets symboliques, à leurs lampes la représentation du coq. Sur l'une, le coq est accompagné
d'une croix; sur une autre, il semble diriger une barque vers le port; sur une troisième, il porte une
palme de triomphateur, telle la lampe trouvée à Ardin (Deux-Sèvres). A n'en pas douter, le coq est là
l'emblème du Christ, chef de l'Eglise, guide et défenseur des fidèles. Sur une barque, il est le Christ
dirigeant l'Eglise. Surmonté d'une palme, il est le Christ ressuscité, vainqueur de la mort.
Depuis longtemps un beau témoignage a été rendu au coq. L'auteur du "Livre de Job" se demande si le
Créateur ne lui a pas donné plus que de l'instinct:
"Qui a mis la sagesse au cÏur de l'homme?
Qui a donné l'intelligence au coq?" (XXXVIII - 36).
Le "Dictionnaire d'Archéologie Chrétienne" cite une ampoule en terre cuite des premiers siècles du
Christianisme, sur laquelle on peut voir la Vierge Marie présentant son Fils nouveau-né à quelque
personnage placé devant elle; au-dessus un coq bat des ailes et chante; à leurs pieds est un autre coq.
Le symbole est net: l'avènement de Jésus est pour le monde, au moral, ce qu'est l'apparition matinale
du soleil, matériellement, pour la terre, apparition que chantent les coqs.
La symbolique chrétienne ne s'est pas contentée de voir dans le coq l'emblème du Christ ou de
l'associer à l'avènement du Messie. Elle l'a également uni à la Résurrection. N'est-ce pas à l'aube
pascale que le miracle s'est accompli, c'est-à-dire au moment où retentit le chant du coq? Les lampes
chrétiennes, décorées d'un coq porteur de palme, lui donnent l'insigne honneur de rappeler le Christ
ressuscité.
Le chant du coq devient la voix du Christ. Le sens poétique de Prudence a fait ce rapprochement.
Dans son "Cathemerinon" (chants pour toute la journée), publié au début du IVC siècle, le poète
chrétien consacre sa première hymne à "l'oiseau annonciateur du jour" ("Ales diei nuntius") dont la
voix sonore "appelle les âmes à la vie" chrétienne ("... ad vitam vocat"). Racine nous en a traduit les
strophes:
"L'oiseau vigilant nous réveille;
Et ses chants redoublés semblent chasser la nuit;
jésus se fait entendre à l'âme qui sommeille
Et l'appelle à la vie où son jour nous conduit... »
Saint Ambroise, évêque de Milan, lui aussi consacre au coq sa première hymne:
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Le Coq des Clochers
par le chanoine R. Gaudin
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"Le coq réveille les dormeurs
Et presse les mal-éveillés... "
Et l'on pourrait citer Denis d'Alexandrie, saint Basile...
Le coq garde l'actualité dans la symbolique liturgique puisque, encore maintenant, l'Eglise fait réciter
au bréviaire l'hymne de saint Ambroise dans les "Laudes" du dimanche et celles de Prudence, dans les
"Laudes" du mardi.
Quant à donner le coq en modèle aux prédicateurs, c'était chose facile. Saint Hilaire de Poitiers l'a
fait dans une hymne:
"Le coq qui chante et qui bat des ailes
Ressent l'approche du jour.
Nous aussi, avant la lumière,
Annonçons au monde le Christ..."
Saint Grégoire-le-Grand n'y a pas manqué:
"Le prédicateur a le devoir de s'animer... comme le coq qui bat des ailes avant de pousser son
chant..." (Morales: XXX).
Le coq a même été associé à la fin du monde, en faisant de lui l'image du Juge suprême. La nuit
rappelle la mort, mais le jour évoque la résurrection. Le chant du coq fait à l'aube ce que fera l'appel
de l'ange de la résurrection, au jour où s'accomplira la définitive destinée des hommes. Mais le coq
dressé au milieu d'une nature encore endormie entraîne à lui faire représenter le Christ lui-même.
Prudence, dans une hymne, écrit en effet le coq "est la figure de notre Juge". Nous avons là
l'explication de ces coqs gravés sur les plus anciennes sépultures chrétiennes; par eux s'expriment
l'espérance et la foi dans la résurrection future. Nous donnons la même signification au petit coq en
os, trouvé dans une sépulture mérovingienne de Blaye.
La place du coq sous la tradition chrétienne ne se limite pas à des considérations mystiques. Elle
s'étend aussi à la liturgie pratique.
Dans la vie romaine, les "heures" &emdash; comme chacun sait &emdash; étaient des périodes de temps d'une
certaine longueur et non pas de soixante minutes seulement. La première division légale de la journée
ou "première heure" était au chant du coq. On l'appelait, à cause de cela, le "Gallicinium". Elle allait
d'environ une heure (style moderne) à trois ou quatre heures en été, à quatre ou six en hiver. L'Eglise,
soucieuse de faire donner par ses fidèles les prémices du jour à Dieu, fit du "Gallicinium" l'heure de la
prière par excellence. Les "canons d'Hippolyte", écrits à la fin du IIe ou au début du IIIe siècle,
indiquent expressément qu'une assemblée de prières aura lieu au "Gallicinium". La "Peregrinatia
Etherioe", de la fin du IIIe siècle, nous apprend qu'à Jérusalem le coq donne le signal de l'assemblée
du dimanche. Des "Constitutions apostoliques" des IV et Ve siècles déclarent que, après la longue
veillée pascale, les Baptêmes étaient conférés au chant du coq et qu'aussitôt après le "Gallicinium" il
était permis de rompre le jeûne.
En Orient, le "Gallicinium" faisait partie de l'horaire monastique quotidien. Au Ve siècle, notamment
chez les moines égyptiens, nous dit Dom Leclercq, certains monastères consacraient particulièrement
deux temps à la prière en commun le "Gallicinium", au matin, et le "Lucernarium", le soir autrement
dit: l'heure du coq et l'heure de la lampe.
(
Le plus ancien coq de clocher connu est celui de la cathédrale de Brescia. Il remontait au IXe siècle. Il
était en cuivre doré. Le poète anglais Wolstan, au Xe siècle, parle du coq de la cathédrale de
Winchester. La vieille chronique de Coutances nous apprend que le coq de la cathédrale fut frappé par
la foudre en 1091.
Mais pourquoi des coqs sur les clochers?
Nous ne pouvons répondre que par des conjectures. Cependant tout ce que nous avons dit de
l'emblématique du coq chez les anciens et dans les premiers temps du christianisme, nous permet de
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Le Coq des Clochers
par le chanoine R. Gaudin
Mémoires de la Société Archéologique et Historique de la Charente &endash; année 1956
http://wwwbibli.vet-nantes.fr/theses/2002/ labarriere02_120/part11.pdf